Laissez venir à moi tous les petits virus ! dit Jésus - Charles Pennequin

Publié le 1 Janvier 2022

Laissez venir à moi tous les petits virus ! dit Jésus

 

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Laissez venir à moi tous les petits virus ! dit Jésus. Laissez venir toute la vérole ! Les microbes ! Laissez parler tous les microbes ! Qu’ils prennent enfin part au faste ! Qu’ils trinquent à notre vie au fond de nos cellules ! Que la vie leur fasse la fête qu’ils méritent ! Car ils méritent bien une véritable réception chez l’humain. Une vraie et impossible réception, nous devons accueillir toute la misère, la sale engeance du vivant ! dit Jésus. Certains ne sont pas pour qu’on leur fasse une telle ovation dans nos corps. Certains pensent qu’il faut se protéger, évacuer même tous ces organismes qui remettent en question l’ordre du vivant. Nous devons pourtant faire masse avec le monde vivant, pour lutter contre sa mort. La mort est à pied d’œuvre au centre même de l’humain et il nous faut bien accuser quelqu’un ! Il nous faudra toujours accuser quelqu’un en dehors du Nous humain, alors que c’est ce Nous humain qui fait déconner l’existence ! Le Nous où nous ne sommes pas d’ailleurs ! dit Jésus. Nous ne sommes pas de ce Nous, mais nous le subissons de plein fouet ! Nous ne pouvons être en dehors de ce Nous qui nous noue, étant noués à la mort d’un nous dans ce Nous. C’est un ensemble qui nous pousse à mener la destruction totale de la vie et nous accompagnons cette destruction par la force ! Nous sommes ses esclaves et nous ne valons rien dedans ce Nous noueux ! C’est comme un étranglement, toute la belle pensée humaine, toute la marche en avant positive de l’humain, toute la belle intelligence, le savoir complexe, la beauté vivante de tous les êtres est pendue au crochet de la connerie humaine libérale ! La grande déconnade capitaliste, dont sa bêtise crasse a travesti la science pour la transformer en camp d’opérations militaires. Ce sont de grandes organisations qui avancent non pas contre un virus mais contre l’humain qui gît encore en nous-mêmes. C’est la grande déconnade intelligente, la superficialité de l’intelligence toujours à pied d’œuvre dans ce qu’on appelle un humain. Moi je les appelle les zumins ! dit Jésus, et les zumins valent pas mieux que les virus ! Ce sont des être semi-vivants les zumins, moitié mort et moitié en vie, comme les virus ! Et les virus font partie des êtres les plus lointains et les plus perspicaces, comme les bactéries et les archées. Les archées ont inventé quelque chose que les zumins n’ont pas. Les archées ont développé quelque chose qui pour nous serait impossible à imaginer ! Ils ne se mangent pas entre eux les archées, contrairement à nous les zumins ! dit Jésus.

La vie est à pied d’œuvre partout sauf en nous. La vie est juste quelque chose qui vient palpiter de temps à autre en nous les zumins. Car au fond, nous ne sommes ni d’ici ni des étoiles. Nous croyons observer les étoiles alors que ce sont les lointains qui nous observent ! Nous ne sommes que de vieilles observations qui n’ont plus cours, voilà tout. Chaque lieu est un espace aveugle à l’observation de nous-mêmes. Nous vivons dans des lieux écrasés et les lointains nous cernent de près. Nous sommes écrasés en nous-mêmes car nous ratatinons la vie de fond en comble. Les zumins veulent briller dans l’existence pour ressembler à tous les astres et même les trous noirs, car les trous noirs font aussi partie de l’existence qui brille dans le firmament, mais les zêtres zumins ne font nullement partie de ce firmament-là. Au fond du fond des zumins il y a ce trou qui ne brillera jamais dans aucun firmament ! Au fond du nous-mêmes zumins, il y a cette matière inconnue de nous-mêmes et qui défie l’énergie du vivant. Nous-mêmes nous pensons que nous agissons depuis nos organes qui proviennent des rognures d’étoiles, mais nous ne sommes pas totalement de cette terre-là et donc nous ne sommes pas totalement des rognures non plus, dit Jésus. Nous sommes plutôt des sortes de rognures venues d’un autre horizon que celui des étoiles. Nous sommes des rognures inconnues de nous-mêmes !

Le seul moyen de lutter contre les virus, c’est-à-dire contre le nous-mêmes des zumins, est de continuer à travailler la poésie. Que la poésie virale envahisse tous les parlers. Que toute parole soit un vrai maelstrom incompréhensible, que toute parole soit un chant non comprenant qui roule, que tous les langages se tordent en dedans vers le dehors, que le dehors soit comme nos dedans, que tout ça tende vers le grand charabia du vivant !

 

Charles Pennequin, poète et écrivain.

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