Animal Charabia

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Abyssalement plein de lui-même
dans le wagon de tête s’immole le parfum cadavre de la vie des particules,

hommes femmes enfants nains de cimaise montures provisoires
corps-moi animal charabia
formule reptilienne de la fuite en avant,

homo rictus penché sur son écran
ni là ni ailleurs
bascule sans résistance
hors la douceur de durer
yeux clos
dans un jaune de Naples
le halo carné des batailles au fond de l’œil,

témoins hors champ des ressacs sous la peau
les destins des anonymes ressassent le refrain
tranchée la raison tombe
comme saignée vétérinaire
lestée de son cri
derrière les démangeaisons de la vue,

écrire autour un poème
faire des phrases
ne sert à rien,

des actions minuscules
appairer des lettres !
débourrer des mots !

système d’élastiques un groin zippé sur le museau,

un clignotant greffé à chaque épaule,

en actionnant un fil à plomb derrière la nuque on obtient une phrase
idem au néant de l’infini,

aucun ne se souvient du parfum pulpeux d’un périnée sous la langue ;

Eux lui elle.

vous et moi égaux et fraternels par décret

ô mentales œillères

â droits arasés

castrés en nombre à la naissance

avant eux de bons petits cochonnets

Macadam poème.

cobayent

consentent à l’hostie à bras retroussés

bleu démissionne

rouge dénonce

dans leur corps maintenant quelque chose se nomme beauté fortuite

s’excuse d’avoir été insoumise. Poétiquement perméable à l’instant

un tégument d’amour. une fréquence

Aussitôt rien.

(fin du poème « Animal Charabia »)

Carole Darricarrère, poétesse, créations photographiques et radiophoniques.

carole darricarrere