Président

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Président, je réponds à tes bons vœux de bannissement 2022 avec un peu de retard. C’est une vieille habitude de conteur de tourner sept fois ma langue avant de réagir aux provocations. Je t’envoie ma bobine depuis mon jardin, là où aucun oiseau du ciel n’empêche une créature de vivre et de chanter. Je persiste et signe malgré la galère : je ne monterai pas sur une scène où l’on trie des êtres humains venus pour communier. Les héros de la lumière des contes, dont je suis l’humble voix depuis quarante ans, m’ont pétri d’allégresse et de liberté. Si je reste ancré et si je tiens bon malgré les pressions et les coups indignes, c’est que là où je suis, là où nous sommes encore filles et fils de la poésie, ton monde a disparu du paysage. Désolé pour tes attentes énergétiques, tu n’auras en ce retour de vœux ni haine ni chagrin ni reddition. Vois-tu, j’ai un monde à refaire, trois rivières à franchir et des étoiles à peindre.

Patrick Fischmann

patrick fischmann