ANTIGONE N’A PAS D’ÂGE

Appel à textes contre la politique

du Pass sanitaire

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Toulouse, 25 août 2021

Nous voici donc interdit-e-s de terrasse. Depuis le coup d’état sanitaire du 12 juillet dernier et son ignoble mise en œuvre le 9 août. Nous ne pouvons plus prendre un train. Un billet pour le spectacle, les arènes ou le stade. Il faut avoir vu de ses yeux la ravissante serveuse d’un rade, où l’on a ses habitudes depuis bientôt dix ans, mettre la main sur sa bouche, parler bas, pour vous dire que non, elle ne peut plus, même pour le crème du matin ; que le patron est formel, désolée, vraiment. Et d’être resté un instant interloqué par la vitesse virale avec laquelle le fascisme-qui-vient contamine ce qui ne reste déjà plus de la vie d’avant. On cherche quelle armée d’occupation terroriserait la ville. Quelle milice politique. Mais c’est une autre occupation. Une autre SENSURE. Les derniers grands artistes de la Résistance nous avaient pourtant prévenus. Pasolini, Debord, Deleuze & les autres. Un poète de l’envergure de Bernard Noël nous quittait en avril en ayant pourtant pris soin de nous laisser de quoi penser cette castration mentale. Nous y sommes. Plus grave que le covid, cette Peste (pour citer Artaud) dans l’esprit du temps.

Une ségrégation inédite peut s’instituer, une catégorie de citoyen-ne-s de seconde zone peut être créée, un odieux contrôle de tou-t-e-s par tou-t-e-s se mettre en place, dans l’amère patrie des droits de l’homme, sans que la majorité des gens en paraisse plus ému que ça. Juste une nouvelle appli sur le téléphone à tout faire sauf écouter l’autre parler, quelques secondes d’un triste bip, bref orgasme de la liberté sous haute surveillance. C’est tant pis pour vous. Moutons de ce macabre consentement. Nous ne renoncerons pas à la minorité. Ses fabuleuses insoumises, ses réfractaires merveilleux. ANTIGONE n’a pas d’âge. Juste mauvais genre. Elle dit non. À la stupeur du bourgeois toujours épaté. Elle change juste de langue. Selon la Cité, le Pouvoir. Mais elle redit non. Comme la poésie. On se souvient du mot-titre de Michaux : Donc c’est non. Idaime pour nous. Nous, c’est une petite communauté désœuvrée qui – pour saluer ici Jean-Luc Nancy auquel tous les médias de l’occupation macronienne auront préféré, cet été, Lionel Messie, BFM comme métonymie de l’obscénité générale – communauté secrète qui a commencé à s’inventer autour d’un appel à refuser le Pass’ (soit disant) sanitaire, son cortège de discriminations, son imposture totalitaire. Mouvement né d’une sidération devant l’assourdissant silence des artistes, écrivains, intellectuels, figures de la transmission du sens en général – et cherchant à prendre malgré tout la parole.

Pour avoir rejoint très tôt l’Appel Antigone (belle bigarrure de signataires de tous les âges, tous les sexes, avec ou sans vaccin…) et constatant la chape de plomb que le système de désinformation fait retomber sur cette initiative – dissidences interdites comme les terrasses de l’ordre nouveau – , j’en suis venu à penser et à proposer à mes camarades qu’il nous fallait répondre à ce déni d’existence par l’affirmation d’une parole diverse mais résolue. D’où cet APPEL À TEXTES. Il s’agirait de constituer une petite bibliothèque de la contestation. Une librairie du refus. Cet appel à textes serait comme un appel d’air. Pour remettre en circulation des analyses, des propositions, des réactions à l’envers du matraquage dominant. Pourquoi & comment s’opposer à ce Pass’ sécuritaire (qui n’a de sanitaire que le prétexte). Chacune & chacun des quelques cent premières personnes à nous avoir rejoint peut donc proposer sa contribution. Son témoignage. Il en sera de même, bien sûr, pour celles & ceux qui voudront encore grossir nos rangs. Appel ouvert, ce jour & les autres nuits. C’est notre prochaine étape. Mouvement prouvé par la démarche.

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C’est VOUS qui écrirez ce nouveau chapitre de l’histoire d’Antigone. Les poèmes de ce non à l’im-monde selon Macron.

Parce que la liberté n’a pas dit son dernier mot. L’égalité et la fraternité non plus.

Yves Charnet, écrivain.

NB : les textes publiés n'engageront évidemment que leurs auteurs.

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