De ces quelques petits moments très désagréables en temps de passe sanitaire… - Alain Marc

Publié le 3 Décembre 2021

De ces quelques petits moments très désagréables
en temps de passe sanitaire

 

 

À l'approche des interdictions d'entrée qui arrivent dues au passe sanitaire de parents et d’enfants dans les marchés de Noël…

 

------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

Premier jour des journées du patrimoine 2021.

 

Tout à l’heure j’ai voulu faire visiter la cathédrale de Beauvais à mes deux amis qui m’accompagnaient. J’aime toujours beaucoup montrer ma ville à des amis qui ne la connaissent pas : leur donner des explications, sur un détail, là et ici, rebondir sur l’histoire locale. Arrivant près de l’entrée nous apercevons un prêtre et un agent avec écrit en gros sur son haut de vêtement : « SÉCURITÉ ». « Sécurité », me dis-je, mais de quoi veulent-ils se protéger : il y a un danger ? Quelqu’un de mal intentionné pourrait entrer, avec des idées d’attaques en tête ? Non : pas du tout. Nous sommes le samedi du week-end des journées du patrimoine et tous les lieux sont visiblement verrouillés de la sorte ! L’agent de “sécurité” nous demande si nous avons notre passe. Je réponds de go :

Un passe ? Mais pour quoi faire ?

Le prêtre aussitôt, me répond :

C’est la préfecture qui nous l’impose…

Ne répondant pas à ma question du coup du « pour quoi faire ? »… Car en fait il n’y a aucune justification. Il n’y en a aucune au niveau du sens que tout un chacun cherche toujours à saisir.

Le prêtre poursuit :

Parce qu’il y a du public à l’intérieur…

Ah bon : mais du public il y en a aussi dehors ! Et dans cette cathédrale qui est le cœur gothique le plus haut du monde il n’y a pas vraiment de différence entre l’intérieur et l’extérieur… On y respire très bien. Le plafond est vraiment très haut, si haut que le regard s’ébahit devant tant de grandeur. Et de hauteur. Et surtout que dedans il n’y a que bien peu de monde en fait…

Je ressors avec mes amis et me dis intérieurement. « Dire que je suis né ici, qu’à six ans je me revois être dans le cœur en train d’écouter mon père et mon oncle jouer dans la cathédrale avec l’Harmonie de Beauvais. Comme tous les ans lors des Fêtes Jeanne-Hachette. Et là, aujourd’hui : on m’empêche de rentrer… ! »

Pourquoi ? Pour quelle raison valable ? Je n’en vois vraiment aucune si ce n’est pour m’isoler, m’humilier pensé-je un court instant. Non : le mot est peut-être un peu trop fort, mais me rendre la vie désagréable, voire impossible, me priver de toutes les petites joies simples ou plus élevées puisque tout m’est interdit dans la ville depuis des semaines… Pas un café. Pas une table pour manger. Rien pour un petit besoin naturel. Et plus aucun petit plaisir culturel, de musée, de cinéma, de bibliothèque, de galerie d’art. Rien : plus Rien !

 

*
*     *

 

Et quelques jours avant.

 

Dans le milieu de la semaine je patiente à l’attente de mes nouvelles montures qui sont en train d’être montées au centre ville. Les deux paires de lunettes n’étant pas encore tout à fait prêtes je décide de me diriger vers la Mairie. Le soleil vient de se lever et l’air commence vraiment à devenir agréable après la fraîcheur de la nuit qui tardait à partir. Arrivant sur la place je m’aperçois qu’il y a une manifestation d’importance avec des stands couverts et quelques personnes les visitant. Toute l’installation est entourée par des barrières et des petites feuilles A4 paysage indiquant qu’il faut se diriger vers l’entrée qui est coiffée d’un auvent. C’est visiblement la seule entrée autorisée. On distribue visiblement aux arrivant un petit sac de papier cartonné contenant j’imagine quelques documents voire cadeaux de bienvenue.

Vu que deux vigiles assurent la “sécurité” en filtrant les éventuels entrants je me dis aussitôt qu’ils doivent demander un passe sanitaire et continue ma promenade en longeant la suite des barrières sur le côté. Je ne sais toujours pas de quoi il s’agit : s’agit-il du Forum des associations qui a lieu en général à ces dates ? C’est l’explication la plus plausible qui me vient à l’esprit vu que je n’aperçois aucun panneau, aucune affiche, donnant une explication de ce qu’il y a à voir dans ces stands et pourquoi ils sont là. Toute la place devant la mairie est occupée : quelques guitounes trônent au centre.

Je continue de tourner autour tout en regardant régulièrement à l’intérieur. Rien ne me renseigne. Quelques enfants jouent à l’intérieur. À un moment, lorsque je suis passé du côté opposé j’aperçois une cavalière qui promène un cheval en rond afin visiblement qu’on la voit bien. S’agit-il d’un club hippique, qui propose des activités enfants et ados ? Je n’en ai aucune certification. Rien, ni personne ne permet de me donner une réponse…

Étrange sensation tout de même, de rester ainsi à l’extérieur d’une manifestation extérieure où on empêche, empêcherait, une partie de la population d’y entrer sous prétexte qu’elle n’a pas le sésame... Le sésame : le sésame “sanitaire”… !

 

Alain Marc, poète et écrivain.

Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article