Lettre à mon ami le mécano - Fred Teste - Bibliothèque Turbulente

Lettre à mon ami le mécano

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Tout à l’heure je suis passé chez toi pour récupérer une cartouche de gaz. Ça nous a pris 5 mn et puis je suis quand même resté un peu… On s’entend bien tous les deux et on perd toujours un peu de temps quand je viens, à raconter deux ou trois bêtises sur la vie. Un bouquin qu’on a lu. Le sourire de la jolie cliente qui vient de sortir de ton atelier.

Et puis tu m’as raconté cette drôle d’impression que tu as, de clients qui te semblaient avenants il y a peu et qui sont devenus grincheux tout à coup. A cran. Toi, l’homme simple en bleu de travail, celui qui rend service à tout le monde même si tu as un sacré bordel dans les papiers de ton petit bureau, tu m’as paru un peu troublé. « Qu’est-ce qui se passe ? » M’as-tu dit.

On a parlé du Pass. Tu m’as raconté ce monde bizarre où depuis quelques temps des gens te demandent si tu es vacciné quand ils viennent t’acheter un bidon d’huile. On a parlé du secret médical. On a parlé de tout, de rien, des infos troublantes que je venais d’avoir de Guadeloupe, des discussions que j’avais avec mes patients. Je t’ai raconté ceux qui t’insultent tous les jours sur Facebook quand tu n’es pas d’accord avec eux, n’apportant jamais rien à un débat de toute façon moribond, et ressassant à l’envi des éléments de langage péchés à la tévé. Toi aussi tu as cerné que des roquets de garde se sentent obligés désormais d’aboyer avec les chiens de garde des plateaux. Tu n’as pas mis longtemps pour sentir l’entourloupe, alors que des encravatés se croyant instruits tombent dans toutes les chausse-trapes que leur tend la Macronnie mondiale, en nous traitant d’idiots. Ces nigauds singent Véran, comme des enfants répètent piteusement la bêtise qu’ils ont entendue dans la bouche d’un plus grand.

Tu as tout compris mon ami, tu as oublié d’être con c’est sûr. Tu as compris dès le début pourquoi les banquiers avaient inventé le “sans-contact”, pourquoi les espèces sont des espèces en voie de disparition. Tu n’as pas oublié que ton banquier t’avait un jour fait la remarque que tu avais acheté des chaussures avec ta carte de crédit, alors que ton entreprise était un peu dans le rouge. Depuis tu dépenses TON argent dans la discrétion et loin des yeux de ce "conseiller".

On a parlé de la Chine et de sa société de contrôle. On était d’accord pour se dire que nous allions vers une société invivable si nous acceptions ce piège du Pass, mais que nos petits enfants n’auraient même pas le souvenir qu’il avait pu en exister d’autres sortes.

Tu a compris toi aussi que cette affaire du Covid n’a plus rien de médicale, bien plus une affaire de gros sous ou de gouvernance planétaire. Nous le saurons bientôt… De mensonge, de propagande en tout cas, que nous n’oublierons pas. Tu m’as dit que vous les “petits”, les PME vous sentiez bien que vous ne rentriez plus tellement dans les cases du modèle qui s’impose peu à peu. Tes jours, et peut-être les miens, sont comptés. Mais comme tu es malin tu trouveras toujours une faille dans le système. Les gens ont trop besoin de toi. Tu tiendras le coup. Un temps. Et puis tu finiras par les envoyer chier.

Ensuite des clients sont arrivés. Nous avons baissé la voix. Car aujourd’hui, dans mon pays, je dois baisser la voix…

Alors, je t’ai donné une tape sur l’épaule et je suis parti. Elle voulait dire : merci, l’Ami, j’ai été heureux de parler avec toi !

Des comme toi j’en rencontre presque tous les jours. On les déniche à quelque chose de doux dans le regard. Un regard où il y a plus de courage que de peur. C’est bon.

Fred Teste, auteur, musicien et kinésithérapeute.